La bête du Gévaudan et St Just
EN PLEIN SIÈCLE DES LUMIÈRES, l’une des régions les plus reculées de France est plongée trois années durant dans une psychose qui déchaîne les passions : la «Bête» du Gévaudan s'attaque à des dizaines de personnes, femmes, enfants le plus souvent, qu'elle tue, entraîne dans les bois, et dévore. Quel est cet animal monstrueux, que traquent les chasseurs les plus habiles du royaume ? Les interprétations les plus diverses ont circulé, jetant sur les événements autant d'obscurité que de lumière.
La relecture d'un historien s'imposait. Spécialiste reconnu du monde rural mais aussi des rapports entre l'homme et le loup, Jean-Marc Moriceau a relevé le défi. À travers son récit, c'est tout un pays oublié qui reprend vie : une société de rudes inégalités et de méfiance à l'égard de l'étranger, une économie de misère, une population fragile à l'activité incessante... et, l'une après l'autre, au fil des archives, la figure de chacun des jeunes gens qui ont eu affaire, entre 1764 et 1765, à la plus grande calamité de toute l'histoire de la province.
La bête du Gévaudan: extraits de l’ouvrage de Jean-Marc Moriceau , collection l’histoire comme un roman, éditions Larousse dirigée par Claude Quétel.
« Le 30 janvier 1765 Marie-Anne Pradin, solide fille de 14 ou 15 ans et « hardie comme un dragon » revient du village de la Rochette. Elle se dirige vers Charmensac, paroisse de Saint-Just, tout près du Bacon, où s'était produite l'agression du 21. Un véritable combat s'engage jusqu'à l'arrivée des secours qui font déguerpir la bête féroce. Mordue à la cuisse, la fille a le visage et le cou déchirés. Des voisins la transportent à l’hôpital de Saint-Flour où l’on espère encore, en avril 1765, qu'elle guérira de ses blessures. Peu de temps après, au-dessous du village de Saint-Just, la Bête est vue de plusieurs personnes qui sauvent une femme en train de laver son linge. » |